Le Taxi et la Dignité

Le taxi roule, une femme est à l’avant. Soudain, le chauffeur freine brusquement. Un vieillard en fauteuil roulant est sur le bord de la route et hèle en vain les taxis qui refusent de s’arrêter. Il pleut, il vente; le malheureux est éclaboussé par les voitures et les motos excitées et manque d’être écrabouillé par un bus.

Le chauffeur de taxi demande à la femme de s’assoir à l’arrière et descend de la voiture; il étreint le vieux monsieur dans ses bras puis le soulève avec soin jusqu’à l’avant du taxi. Il l’installe et cale le fauteuil sur le capot.


 » Merci mon garçon! Je sors d’une dialyse et je n’ai personne pour prendre soin de moi. Mon fils ne vit plus ici. Les taxis refusent de nous transporter et les transports, les routes, même les hôpitaux ne sont pas adaptés pour les malheureux comme nous! Ma femme aussi, elle est dans un état…! C’est dur. »
Le taxi dépose la femme et accompagne le vieillard jusque chez lui. Sa femme l’attend à la porte. De nouveau, le chauffeur descend, étreint l’homme et l’installe avec tendresse sur le fauteuil.
À ce moment, son fils, qui rentrait à peine des USA et qui a surpris la scène, est ému. Il va vers le chauffeur et lui dit:
« Je te suis vraiment reconnaissant… Je te propose la chose suivante: je te paie 5000 Dh par mois, tu t’occupes des déplacements de mon père et de ma mère. Tu gardes ton taxi, tu continues de faire tes courses comme d’habitude; seulement, tu continues aussi de t’occuper de mon père comme tu l’as fait aujourd’hui. »


C’est ainsi que le taxi a travaillé 4 ans, et s’est occupé du vieil homme jusqu’à sa mort.


– C’était un beau geste, me raconte le chauffeur, une famille formidable et pourtant j’ai gardé un goût amer de cet épisode. Tu sais, je n’aurais jamais imaginé qu’on puisse crever comme ça! Quoi, dès qu’on est retraité, vieux, malade, handicapé, on crève? on n’existe plus? Rien n’est adapté pour vivre dignement, non plus que pour mourir dignement. J’ai peur de vieillir, d’être handicapé ou de tomber malade dans mon pays, tu réalises? C’est terrible, comme constat.

ET LA SUITE, ON L'ECRIT ENSEMBLE?