Il y a une heure, dans le taxi. Un trajet très court, très drôle.
Je suis à l’avant. Une dame, quarante-sept ans, grande, fine, élégante, une jellaba et des petits talons entre dans le taxi en riant:
– Pourquoi vous verrouillez toutes les portes comme ça?
– A cause des voleurs! Maintenant, ils ne se gênent plus pour arracher les téléphones aux passagers.
La femme, un accent et un vocable fassi joyeusement prononcés, prend la parole et nous raconte, riant et roulant naturellement des r:
– Je vais vous raconter une histoire, elle s’est produite il y a quelques semaines… J’étais à pieds, boulevard xxx, quand une moto a surgi avec 2 gars. Moi, voulant les éviter, je tiens fermement mon sac et fais un brusque mouvement de recul. Dans ce mouvement de recul, figurez-vous… le voleur n’a pas arraché le sac…. mais la chemise…. o khellani zebta!! Il m’a laissée à poil! Hahahaha!
On rit tous aux éclats.
– Attendez, c’est la vérité! Je me suis retrouvée nue, sur le boulevard, et je ne portais même pas de soutien gorge ce jour-là, rien! nue! Zebta! alors attendez…!
Elle poursuit son histoire, continuant de rouler des r et faisant des mimiques qui théâtralisent son récit davantage, et nous, dans le taxi, on rit tous de bon coeur.
– Alors, attendez, c’est pas fini! Un taxi s’arrête et me dit: wili wili montez montez vite! Je suis montée vite! Le chauffeur me dit: Oullah ma 3endek zhar! Oullah tu n’as pas de chance, il t’a laissé le sac et a volé ta chemise!
J’ai éclaté de rire et vous savez ce que je lui ai répondu: Oullah a moul taxi la nta li 3endek zhar fhad n8ar, li mtele3 cliana zbta! Oullah c’est toi qui a de la chance, moul taxi, de faire monter une cliente à poil! Hahaha!