Je suis à l’avant du taxi. L’homme a l’air bonhomme, et franchement rigolard. Une petite moustache grise encadre ses lèvres fines, plissées par un sourire rieur. Il a le visage émacié planté sur un corps fin et osseux.
Bref.
– Regarde-ça. Partout, il y a des travaux. Aucun achevé. Tu sais, on nous dit qu’ils creusent pour faire des travaux… Moi, je les soupçonne plutôt de chercher un trésor. Hehe. Oui, ils sont en train de creuser là, puis on réalise que le trésor est pas là, alors y a des gars aux commandes gars les appellent et qui leur disent: arrêtez tout et venez plutôt par là. Et par là, ah non par là… ! Si Casablanca avait été un plateau de thé, on nous aurait carrément renversés. Casa, c’est devenu comme chi msemen qu’on a plié en 4.
Je ris. Il est amusant et de temps en temps, il se retourne ou me jette un regard sur le rétroviseur.
On est au feu rouge, à notre droite une ambulance à l’arrêt, sans siréne. Le chauffeur me regarde, farceur, puis se penche de mon côté pour baisser la vitre.
– Dites les gars, zavez pas un malade là-dedans?
– Non…
– Et vous voulez pas avoir un malade là-dedans et lancer la sirène?
Il l’a dit sur un ton taquin, surprenant, alors tout le monde rit.
Il remonte la vitre et lui me lance un regard amusé.
On passe de nouveau à coté d’un grand chantier en travaux.
– Tu vois ce que je te disais. Un trésor est caché sous Casa et on nous le cache! Oullahila chi Kenz hada o 7na msyedine. Galou ter9ane.
Il siffle entre les dents, en faisant des petits cercles avec la tête:
– Hayyyyyyyyy.
Le taxi freine brusquement. Mince, je suis déjà arrivée.