Le Taxi en Détresse

Je suis dans le taxi depuis quelques minutes, un silence pesant plane. L’homme est vieux, sa peau est burinée, son air sombre, sa mine triste. Soudain, je vois de grosses larmes couler sur ses joues.

– Je suis désolé mon enfant. Désolé de pleurer devant toi, mais je ne peux plus me contenir. Je ne peux plus, je ne peux plus!

 

Il a cessé de pleurer, mais sa voix est chevrotante:

– La pire matinée de ma vie. La pire! Et pourtant je suis très vieux, il ne me reste plus grand chose à tirer dans ce bas-monde. J’ai travaillé toute ma vie, je me suis tué à offrir un avenir meilleur à mes enfants. J’ai cumulé trois travail, pendant près de 60 ans: je vends des légumes au marché le matin, je travaille taxi l’après-midi, et le soir je suis gardien. Tout ça, pour offrir le meilleur à mes enfants, qu’ils étudient et grandissent décemment. Je suis fier, très fier de ma fille, elle a étudié et est employée dans une banque maintenant. Mais ce qui me brise le coeur, c’est mon fils. Il a 21 ans et n’a rien fait de sa vie, il ne veut rien faire! Je lui ai acheté une petite boutique avec le pécule que j’ai amassé. Mais le con, le con, il préfère trainer dans les rues et se droguer. Ces psychotropes! Ils ont foutu nos gamins en l’air.
Je savais qu’il n’y avait pas grand-chose à en tirer mais aujourd’hui… aujourd’hui il a franchi la limite. Il y a une heure, je lui ai dit d’arrêter ses conneries et de penser à son avenir… Tu sais ce qu’il a fait? ce qu’il m’a fait? Il m’a étranglé avec son coude, en me plaquant contre la porte. Ses yeux étaient exorbités par la drogue. Je n’ai pas réagi, mais à cet instant, une larme a coulé. Je n’en croyais pas mes yeux. Il m’a trahi. Et moi, moi, j’ai travaillé, j’ai trimé. Pour eux.

 

Une grosse larme roule sur le sillon de ses rides, doucement.

 

– Et pourtant je les aime tant, moi, mes enfants. »

 

Je descends du taxi la poitrine lourde, le coeur triste.

ET LA SUITE, ON L'ECRIT ENSEMBLE?